Un planning équilibré

Pour faire suite à mon article précédent, je voulais parler un peu de l’équilibre à trouver dans l’établissement de notre planning familial. Dans notre situation, il n'est dicté ni par l'école, ni par des employeurs. Mais tout de même, en début d’année scolaire, rapidement, les pages de l’agenda se remplissent : danse, aïkido, atelier de peinture, musique... Et puis il y a aussi le Book club, et les ateliers de langage des signes et peut-être des ateliers de sciences et bien sûr dans tout ça, du temps pour travailler, pour jouer librement et voir les amis. Pfiou… ça en fait des choses !!!

Il faut se rendre à l’évidence et être réalistes, nous ne pourrons pas tout faire, au risque que cela affecte ensuite notre famille. Il faut faire des choix, même si ceux-ci nous paraissent durs sur le moment. 
Émy souhaitait faire du cirque. Après voir cherché autour de chez nous des cours valables, sans succès, j’ai trouvé une très bonne école, un peu plus loin. Nous devions appeler début septembre pour savoir s’iI restait de la place.
Mais après un examen détaillé du trajet et des horaires, nous avons décidé, avec Benoit, que ça n’irait pas. Trop de trajet pour 1h15 de cirque, et un retour tardif à la maison… Nous en avons parlé avec Émy, lui expliquant ce qui avait motivé notre décision. Elle a été un peu déçue, mais elle a bien compris et elle est toute de suite passée à autre chose, suggérant qu’elle pourrait faire de la guitare :-D

C’est difficile de dire non à nos enfants motivés pour se lancer dans quelque chose, mais il faut avoir en tête la durée dans le temps; les trajets en hiver quand il fera nuit, le retour tard le soir… Commencer une activité, cela veut dire être capable d’y aller chaque semaine toute l’année durant… 

Nous sommes vigilants sur l’équilibre du planning final et ne voulons pas avoir une activité planifiée chaque jour de la semaine. C’est contraignant pour tout le monde et ça ne laisse plus assez de place à l’imprévu. De plus nous privilégions les activités accessibles facilement, à pied de préférence.
Les filles pratiquent d’aïkido à 3 minutes de la maison et elles y vont au même horaire. Liv ayant souhaité rester pour l’instant dans ce cours, c’est très pratique, ça simplifie la logistique.
La danse est à 10 minutes en trottinette, et pour la musique, elles travailleront à la maison (sauf pour Liv, 1/2h de piano par semaine à 5 minutes à pied de la maison).

Pour les autres activités, qui ont lieu dans le cadre de notre groupe d’enfants non-sco, nous faisons attention et nous ne nous engageons que dans celles que les filles adorent, où elles retrouvent leurs amis et qui n’ont lieu qu’une fois par mois.
Au final, nous arrivons à un planning bien équilibré entre les jours où nous sommes toute la journée sans contraintes et les jours où il y a une ou deux activités programmées.
C’est très important que les enfants aient des moments de temps libre et de jeu non dirigé et je pense qu’il ne faut pas se tracasser et vouloir à tout prix qu’ils commencent un sport le plus jeune possible. Car souvent ils ne comprennent pas les règles ou l’intérêt du jeu... ils sont simplement trop jeunes, ils ont tout le temps devant eux. 
Nous sommes tellement tentés (avec toutes les propositions qui s’offrent à eux) d’inscrire nos enfants à de multiples activités. Et il y a aussi parfois la pression extérieure... « Mais comment ?! il ne fait pas de sport ?? ». Laissons-les être dans leur monde. Pour les enfants, le jeu est une chose sérieuse. Ils y mettent tous leurs efforts, leurs idées, leur intentions et leur concentration, alors que l’adulte voit le jeu comme un moment de détente et de distraction entre les temps d’apprentissages.

Nous devons ignorer la pression qui nous dit de remplir la vie de nos enfants d’activités programmées. Sur une semaine, voyons combien de temps libre ont nos enfants ? Du temps sans direction ? S’il n’y en a pas assez, alors il faut faire quelque chose !
Liv, par exemple, n’a pas voulu pratiquer d’activités avant 8 ans. Et encore, c’est un peu par hasard, attirée par sa soeur, qu’elle a souhaité se lancer et essayer l’aïkido et la danse.
Elle va poursuivre l’aïkido qu’elle adore, mais pas la danse car elle trouve que ça va lui faire trop. Elle se connait, elle n’aime pas tellement sortir de la maison en fin de journée pour partir à danse, même si elle aime le cours et son professeur. Pour nous, ça ne changerai rien à notre planning, car elle irait dans le même cours qu’Émy, qui a sauté une année, mais nous laissons Liv choisir en fonction de ce qu'elle ressent pour elle.

Moi j’ai vraiment besoin d’un rythme équilibré entre les jours de sorties et les jours calmes, c’est valable aussi pour les semaines. Si nous avons eu une semaine bien remplie par des sorties imprévues, je dirai non pour les sorties de la semaine suivante pour calmer un peu le rythme.
Aujourd’hui, ce n’est presque plus naturel de ne rien faire, et je pense que nous devons être attentifs à ne pas tout le temps être là pour remplir les journées de nos enfants. Ils n’ont pas toujours besoin de nous et ils doivent avoir l’occasion de s’en rendre compte. S’ils courent d’une activité programmée à l’autre, le temps de décompression et le temps pour soi est absent. Il faut aussi du temps pour rêver, penser et même s'ennuyer !
Et puis les moments non programmés nous permettent d’être spontanés. Ce sont des moments spéciaux que l’on passe ensemble. Si l’on coure tout le temps à droite, à gauche, on passe à côté de cette richesse.

Pour mettre en place notre planning, le mieux est de regarder ce qui nous convient à nous, dans notre contexte de vie propre. Oublions la société qui va vite et qui rempli le temps jusqu’à la dernière goutte. N’ayons pas peur de dire non, car le non peut avoir tout autant de valeur que le oui.
C’est l’idéal de notre famille que nous devons avoir en tête et ce qui a de la valeur pour nous : avoir du temps de lecture le soir, des moments de repos durant la journée ou suffisamment de temps de jeu libres, ou des diners en famille… tout cela n’est pas quantifiable, mais contribue au bien être familial.

Et dans ce planning, que nous tentons de garder fluide, léger et équilibré, il y a aussi des moments pour moi et pour nous, adultes, à trouver ! Ce qui n'est pas le plus simple...
Je parle dans cet article des petits temps que j’arrive à prendre pour me ressourcer durant la journée.

Le soir, nous avons peu de sorties ou d’activités et l’idéal pour nous serait que les filles se couchent tôt et nous laissent tranquilles pour la soirée (quel parent ne souhaite pas cela ?!).
Nous aimerions simplement pouvoir boire notre tisane avec un petit carré de chocolat sans voir notre discussion sans cesse interrompue par un petit lutin émergeant de sa boite : j’ai soif, je n’ai pas envie de dormir, j’ai faim, j’ai mal ici… il y a des moustiques, ma sœur m’empêche de dormir… et je ne sais quoi encore ! Malheureusement, ce n’est pas encore gagné... mais ça vient ;-). Elle grandit notre "petite".

 

On peut avoir l’impression en me lisant que nos journées sont très remplies et planifiées. Mais le vécu que nous en avons est loin de cela, car la plupart du temps les filles sont libres de choisir leurs activités. C’est un point important qui offre fluidité, respiration et plaisir d’apprendre. 
Et puis notre rythme à nous peut suivre celui de la nature, et de notre nature. Les journées encore chaudes nous attirent dehors et nous avons encore envie de pique-niques et de partir en vadrouille. Et petit à petit, l’automne va pointer son nez. Les sorties auront une autre couleur et nous aurons envie d’être un peu plus chez nous, de retrouver un peu le calme des matinées plus studieuses. L'automne est une saison où les projets mûrissent.
Puis l’hiver viendra avec l’envie d’hiberner et de passer du temps sous la couette, avec un chocolat chaud, à lire et lire encore des tas et des tas de livres ! L'hiver n'est pas la saison du travail chez nous. Avec Noël en plus, elle nous inviter à bricoler, cuisiner et partager des moments chaleureux avec nos amis.
Puis c'est le printemps, avec son air frais et neuf qui réveille et nous redonne de l'énergie ! Nous avons envie à nouveaux d'explorer la nature, de l'étudier, de la dessiner... Les projets renaissent, les envies de voyages aussi !

Si vous souhaitez poursuivre sur le sujet, je vous recommande le livre de Kim John Payne "Simplicity Parenting" (je crois qu'une traduction française est arrivée). C'est simple à lire, de bons conseils, et il agit comme une piqure de rappel si l'on est déjà dans l'idée de ralentir et de profiter du temps avec nos enfants.