Doigts habiles, pensées agiles (ou l’inverse !)

Le travail de la main… ce n’est pas du tout la première fois que j’en parle ici. La main a un rôle actif dans la construction de l’intelligence (Maria Montessori l’avait perçu) et la science aujourd’hui le prouve. La main est un instrument du développement de l’homme, de son intelligence, de sa connaissance et de son ouverture au monde.

Dans ses récits adressés aux enfants de l’école élémentaire Maria Montessori parle des 3 dons des humains : une tête pour penser, un coeur pour aimer et des mains pour travailler. C’est grâce à ces 3 dons que l’homme a pu évoluer, créer, inventer… Quand ces 3 facettes de l’humain travaillent ensemble et communiquent, l’intelligence et l’émotionnel créent un équilibre harmonieux. 
Nous devons donc continuer de mettre à la disposition de l'enfant, comme pour les petits, des activités manuelles et des expériences concrètes. Comme à 18 mois, comme à 3 ans, les plus grands enfants ont besoin de faire travailler leurs mains, que l’école ne réserve presque qu’à l’écriture.

« Travailler avec ses mains redescend le centre de gravité du niveau cérébral vers la région du coeur. Les enfants sont beaucoup plus attentifs aux impressions corporelles et à l’esthétique. Devenus adolescents, ils ont moins besoin de sensations fortes pour se sentir exister. »  –Joël Philippin-Stefansen. 

Oui ! Je suis d’accord, car faire de ses mains c’est créer, et créer c’est se sentir exister, se sentir vivant et actif dans le monde.
Entre 6 et 12 ans on ne parle plus de "Vie pratique" comme pour les plus petits, avec des plateaux de matériel bien organisé. Cela va passer par la découverte de métiers manuels, de techniques en rapport avec un sujet étudié, par la réalisation d’expériences pour comprendre le fonctionnement des choses. Les enfants ont besoin de tester, d’essayer, de rater et de se questionner, de chercher et refaire, d’inventer et progresser, de comprendre, d’émettre des hypothèses et de croire de plus en plus en leur capacités de compréhension, d’invention et de création.
Que ce soit la cuisine, la chimie, le tissage, la vannerie ou la menuiserie, toutes ces activités demandent concentration, minutie, réflexion et investissement pour obtenir un résultat. Et à chaque fois l'intelligence est activée et enrichie de cette expérience.

Aujourd’hui avec internet, si nous n’avons pas la personne au bon savoir-faire sous la main, il est possible de trouver des tutoriels pour apprendre facilement une technique. C'est une richesse fantastique et les enfants savent bien en tirer profit. Les filles ont ce réflex quand on ne sait pas comment faire quelque chose : chercher sur internet ! Il y a toujours une personne dévouée et compétente qui partage son savoir-faire. Même si c'est mieux en vrai, avec un contact et un dialogue, c'est déjà une bonne ressource disponible.

Quand je vois les filles, il est clair que c'est un besoin, leurs mains sont toujours en activité, avec la volonté de faire quelque chose. Coudre, bricoler, tisser, jardiner, cuisiner... il faut fournir les outils adaptés, apporter la technique et apprendre avec eux si on ne sait pas faire.
Cela peut être l'occasion d'une belle découverte commune, comme pour ce kit de vannerie, récemment acheté pour Liv.
Je n'ai jamais fait de panier, et j'étais curieuse de voir ce que ce kit pouvait nous apporter. Quand on a ouvert le paquet, ça faisait un peu peur : deux cercles en bois et un tas de branchages secs et entremêlés ! C'est tout. Heureusement que le mode d'emploi était disponible en anglais (et pas uniquement en allemand...).
Après une lecture posée de l'ensemble du processus, j'ai pu expliquer à Liv comment procéder et l'aider pour le démarrage. Finalement, ce n'était pas compliqué, c'était même, je dois dire très plaisant à faire, pour un résultat superbe. (J'avais envie de faire le panier en entier, mais j'ai bien dû la laisser faire, c'était le sien après tout ;-))
Liv a souhaité offrir ce panier à sa grand-mère que nous allions aller voir en Corse peu de temps après et qui est grande amatrice de paniers. J'étais, je l'avoue, un peu jalouse... j'aurais bien aimé qu'elle me l'offre ce panier si mignon.


Autres activités appréciées ici et pratiquées régulièrement : la couture, le feutrage, le tissage, le tricot et le crochet. Nous aimerions beaucoup apprendre à travailler le bois (mais cela demande plus d'outils et de place) ou la poterie. 

Métier à tisser pour de la très grosse laine ou des bandes de coton.

Métier à tisser pour de la très grosse laine ou des bandes de coton.

Le tricot à doigts est l'exemple d'une technique que les filles ont apprise sur internet. Nous sommes tombées sur une photo sur Instragram et elles voulaient essayer. Je leur ai trouvé un tuto et hop, elles ont appris toutes seules ! Émy ne s'arrêtait plus ensuite, elle a fait des kilomètres de cordon tricoté (le résultat est le même que le tricotin en plus gros).

C’est une immense richesse pour l’enfant que d’apprendre à rester en connection avec ses mains, avec son savoir-faire. Mais encore faut-il penser à faire de la place à ces activités de "second choix". Notre société actuelle, avec son intérêt pour le temps "rentable" ne considère pas ou peu ces activités manuelles (en comparaison avec celles qui sont dites scolaires). Elles ne font plus partie du cursus classique.
Aujourd’hui le temps est une richesse a reconquérir, à grappiller miette par miette, pour arrêter de courir, pour se poser... et retrouver le plaisir de faire travailler ses mains pour créer.
Tant d'adultes sont déconnectés de leur mains et de leur savoir faire. C'est dommage, car cela crée un manque et parfois un sentiment d'incapacité. Tout le monde est capable d'apprendre, quelque soit l'âge, et d'y trouver du plaisir. Il faut simplement se donner le temps.
Et c'est à mon sens, encore plus important aujourd'hui, à l'heure du tout numérique et des contenus dématérialisés, de prendre du temps pour faire quelque chose de vrai, de palpable, en lien avec la nature et souvent avec notre histoire. 

 

Kit de vannerie disponible chez Mercurius
Métier à tisser, chez Mercurius également