H, le début d'une aventure

En septembre 2014 les filles n’ont pas pris le chemin de l’école. En ce jour de reprise, nous sommes allées dans une belle papeterie pour choisir de beaux cahiers. Des cahiers qui inspirent, qui donnent envie d’écrire et de dessiner, des cahiers pour le plaisir de travailler...
Rien de tel que des feuilles blanches douces et lisses ! La beauté et la qualité du matériel appellent l’activité et y apportent du plaisir. Ce ne sont pas des détails, et les enfants n’y sont pas indifférents.
On pense à tort qu’ils s’en fichent et qu’ils ne sont pas capables de prendre soin de leurs affaires, que le beau matériel n’est pas pour eux, qu’ils ne sont pas sensibles au toucher d’un papier de qualité, au moelleux d’un crayon de couleur, à la luminosité d’une aquarelle… C’est une idée fausse. Leur offrir du mauvais matériel, sous prétexte qu’ils ne vont pas y faire attention, c’est nier leur intelligence, leur sensibilité et leurs qualités. Les enfants sont de précieux bourgeons qui donneront des fleurs éclatantes. Ils ont besoin du meilleur.

Alors j’ai permis aux filles de choisir leurs cahiers pour cette nouvelle rentrée un peu spéciale. Sans liste de fournitures imposées, nous étions libres. Elles sont rentrées à la maison, contentes et impatientes, avec chacune 3 cahiers. Un pour le langage, un pour les maths et un autre pour tout le reste (toutes leurs découvertes).
C’est ce cahier de « tout le reste » qui a vite pris de l’importance dans notre travail quotidien. Dans ses pages, le dessin a occupé de plus en plus de place. C’est devenu un cahier hybride, un cahier de leçons illustrées.

Au bout d’un certain temps à tirer des traits à la règle sur la moitié inférieure des pages pour que les filles puisse écrire, j’ai fait une recherche pour trouver des cahiers offrant à la fois écriture et dessin. Mais rien n’est proposé, en France en tout cas, à part le cahier de TP avec les pages en vis-à vis. Son format ne m’inspire pas, pas plus que la qualité du papier, ni la beauté toute relative du cahier en question…
Nous avons donc continué l’année avec notre cahier un peu spécial, dans lequel je tirais des lignes à la règle pour l’écriture.

Pour notre seconde année, j’avais envie de faire les choses un peu mieux : j’ai préparé sur l’ordinateur des pages à moitié lignées, que j’ai imprimées pour fabriquer des cahiers.
Nos premiers cahiers sont nés ainsi !
Les filles les ont tout de suite aimé. Les lignes étaient plus propres et plus claires imprimées, ça donnait plus envie. Après plusieurs essais avec elles, nous avons défini la taille des lignes pour chacune. Ce qui a donné une version avec des lignes assez larges et un fond gris pour guider l’écriture débutante d’Émy, et une version plus classique avec des lignes d’écriture classiques pour Liv déjà bien avancée.

C’est en faisant ces cahiers pour les filles, et avec les filles, que l’idée a germé en nous. Nous pourrions en faire imprimer quelques-uns, mettre plus de pages, choisir du plus beau papier !? Oui, mais imprimer juste quelques cahiers pour nous ça coûte très cher, et ça n’a pas vraiment de sens…. En revanche, en faire beaucoup pour que chacun puisse en profiter, créer une boutique et imaginer d’autres cahiers et supports à notre image était une idée bien plus motivante ! Alors nous nous sommes lancés !
Les filles ont tout de suite été très intéressées par l’idée d’une boutique. Liv a visualisé dans sa tête une vraie boutique avec tout plein de beaux produits de papeterie… Ça nous plairait aussi, mais ça ne sera pas pour tout de suite évidement. Commençons par le début.

Mais justement, après avoir eu une idée, par où commencer ? L’envie de tout faire tout de suite et de vite, vite, pouvoir dire à tout le monde que c’est prêt nous freine presque, tant elle est forte !

La première étape est de concevoir les cahiers, un peu mieux qu’à l’état de bricolage maison : trouver des papiers, un imprimeur, demander des devis, voir si on peut financer cela.
J’ai expliqué aux filles ce que nous allions faire, et nous nous sommes rendues en mission découverte du papier au BrainStore d’Antalis (à 2 pas de chez nous !). Nous avons pu toucher, sentir et voir le papier. J’avais en tête de trouver un papier 100% recyclé, fabriqué en France, ce qui a bien réduit les possibilités. Nous sommes rentrées avec des échantillons pour tester le papier et j’ai réalisé un premier prototype pour que nous puissions nous rendre compte du résultat.

Pour les couvertures, nous voulions, outre le recyclé, des belles couleurs assez sobres et douces, mais pas pastels, pouvant permettre de faire un dessin dessus, pour personnaliser le cahier. C’est la première chose que font les filles quand elles commencent un cahier. C’est un moyen de se l’approprier, de l’apprivoiser, de le faire sien.
Nous avons choisi avec les filles de laisser tout l’espace libre sur la couverture. Aucun texte, aucune ligne, aucun logo... Tout a été refusé par nos artistes en herbe !

Sélectionner les papiers est une étape essentielle et très agréable. Les nuanciers des fabricants sont des merveilles pour les filles ! Elles sont d’ailleurs revenues du BrainStore les bras chargés de papiers brillants et colorés, en plus d’un petit carnet aux feuilles multicolores offert par la personne qui nous a reçues.

Feuilleter les nuanciers de papiers nous projette dans la réalité. On imagine, on visualise et on se rapproche du but... et une fois les papiers choisis, nous demandons plusieurs devis, avec différentes options, différents grammages… 

Puis vient l’étape la moins drôle. Négocier, renoncer aux papiers de luxe trop chers pour nous, faire des choix sans abandonner pour autant ce qui compte (le papier 100% recyclé, la reliure cousue et l’imprimeur français...), chercher comment faire entrer nos volontés dans un budget honnête que nous pouvons financer et veiller à ce qu’au final nos cahiers ne coutent pas trop chers à la vente !

Après avoir réglé tous ces points, nous demandons à l'imprimeur une maquette en blanc. C’est une maquette de notre cahier avec le papier choisi, le nombre de pages, la taille… il est au plus proche de notre projet final, sans les lignes imprimées et la couleur. Mais cela permet de se rendre compte de ce que ça va donner et de faire les ajustements nécessaires. 

La maquette en blanc a tout de suite été adoptée par Liv pour en faire son cahier du Book club. Le résultat est encourageant. Le cahier est bien consistant, assez souple, il a de la tenue, le papier est agréable, assez épais pour pouvoir dessiner des deux côtés. Mais avant de donner notre feu vert pour l’impression, nous demandons encore à l’imprimeur des pages de test avec les lignes afin de caler leur tonalité. Une fois ce dernier détail réglé, il n’y a plus qu’à lancer et à attendre nos cahiers…. en croisant les doigts.

Alors c’est tout ? C’est fini ? Et non... en même temps, il faut trouver un nom pour notre marque et nos cahiers et créer son identité visuelle. Heureusement, c’est assez facile pour nous de maîtriser cette étape ainsi que les précédentes car cela fait partie de notre savoir-faire.
Chercher un nom, c’est très amusant, mais bizarrement, pour soi-même c’est plus compliqué ! Les filles évidement ont participé, en donnant leurs idées et leurs avis sur les nôtres. Avant d’en arriver à la sobriété d’une seule lettre nous sommes passés par des noms d’oiseaux, de plantes, de papillons… 

H. nous a plus pour sa simplicité, et parce que c’est nous. Notre nom de famille nous regroupe tous les 4, et ce projet c’est le nôtre, à tous les 4. Et nous aimons ce qui est utile, simple et beau. Une seule lettre nous convenait bien !

Armés de notre nom et de notre logo, nous avons commencé à construire le site, à écrire les textes et régler toutes sortes de détails moins amusants mais qui permettront à la boutique de fonctionner.
Et le temps passe... et nous sommes impatients de recevoir nos cahiers tous beaux tous neufs. C’est long car le ruban noir est posé à la main… nous partons en vacances de Noël et ils ne sont toujours pas là…
Patience...

Et enfin, c’est la fête ! Nous découvrons fébrilement nos petits bébés. Les filles se jettent dessus pour les commencer. « Moi je vais faire un cahier sur les oiseaux ! », « Et moi sur les fleurs !! » Et c’est parti, aussitôt arrivés, aussitôt adoptés par les filles.
Je me mets moi aussi à les aimer ces cahiers, surtout quand je vois ce que les filles en font ! Je ne regrette pas du tout l’investissement. D’autant plus que nous sommes un peu fous, car nous fonçons tête baissée sans avoir aucune idée de la demande vis à vis de ce type de cahiers. Mais nous aimons nos cahiers, et nous avons confiance. 

Pour finir le site, nous devions encore faire les photos. Heureusement les filles sont sympas et se prêtent assez facilement au jeu en se laissant photographier pendant qu’elles dessinent. Elles avaient aussi envie que le site ouvre et que les cahiers se vendent ! Elle ont suivi cela de près.

Enfin, le site est fini, nous l’avons mis en ligne et testé. Quelques bugs apparaissent encore de-ci et de-là, et apparaîtront encore pendant quelques temps c’est sûr. Mais il fonctionne, il nous plait et nous sommes heureux d’avoir mené à bien cette première phase de la construction de notre petite marque. Nous espérons réussir à vous proposer rapidement d’autres produits. Des idées nous en avons, les filles aussi. Notre petite entreprise familiale a peut-être de l’avenir.

En tout cas, quoi qu’il advienne de H. aujourd’hui je suis vraiment heureuse d’avoir vécu cela avec mes filles, au sein de notre famille. Elles ont pu voir leurs parents partir de rien, et avec leurs moyens et leurs idées, concevoir, créer, rechercher, fabriquer, résoudre des problèmes… elles ont pu voir qu’avec de la volonté et de la persévérance on peut aller au bout de ses idées. Elles ont participé aussi. Nous les avons prises à parti régulièrement pour avoir leurs idées et leurs avis. Nous leur avons expliqués où nous en étions du processus. C'est une leçon magnifique, une leçon de vie qu'elles continuent à nos côtés. Depuis que le site est en ligne, sans avoir fait d'annonce, nous avons déjà eu des commandes. Elles se réjouissent avec nous, posent des questions sur les acheteurs (auxquelles nous ne pouvons pas répondre;-)) et imaginent les enfants qui vont découvrir les cahiers !! 
Heureusement que nos deux acolytes sont là, elles nous guident et nous inspirent pour fournir le meilleur de nous-mêmes. Sans elles, les cahiers H. ne serait pas nés.


Rendez-nous visite sur cahiers-h.com
Vous verrez nos beaux cahiers ;-)